René BALME
maire honoraire
69520 Grigny
rbalme@wanadoo.fr
www.rene-balme.org
Le 8 septembre 2015
Lettre ouverte aux grignerot(e)s
Madame, Monsieur,
Si je sors de la réserve que je m’étais imposée, il y a tout juste un an, pour m’adresser à la population de Grigny, c’est que j’estime qu’il se passe des choses graves sur notre commune qui ne peuvent être tenues sous silence.
Le Centre municipal de santé Christian Cervantes va fermer ses portes à la fin du mois sans que personne n’en soit informé. Pire encore, les patients qui avaient choisi cette structure municipale comme médecin traitant n’ont pas été, à ce jour, contactés par la mairie. La conséquence de ce déficit volontaire d’information est dramatique pour les patients qui vont se trouver devant le fait accompli le 30 septembre, sans médecin traitant et qui risquent de ne pas pouvoir récupérer leur dossier médical.
Cette situation créée par la municipalité est scandaleuse, irresponsable et particulièrement grave puisque certains patients souffrent de pathologies lourdes nécessitant un suivi régulier.
À l’heure où de nombreux maires, toutes tendances politiques confondues, luttent contre la désertification médicale en créant des Centres municipaux de santé, M. Odo s’offre le luxe de liquider celui de Grigny.
Pourtant ce service public très performant répond en tous points aux besoins des Grignerots. Nombre d’entre eux l’ont, d’ailleurs, choisi comme médecin traitant.
Je rappelle que la mise en place du Centre de Santé par la municipalité que j’avais l’honneur de conduire résultait d’un constat partagé par l’ensemble des maires de France : il est de plus en plus difficile de trouver des médecins libéraux et 80 % des étudiants qui sortent de la faculté souhaitent être salariés. Grigny était en déficit de médecins généralistes. C’est porté par l ‘Agence Régionale de Santé, le Préfet du Rhône, le Directeur de l’hôpital de Montgelas, et de nombreux professionnels de santé que ce projet, parfaitement viable a vu le jour. Bon nombre de Centres de santé qui ont été créés, dans le Rhône et ailleurs, ont pris exemple sur celui de Grigny. Je ne citerais le cas de la ville d’Amplepuis, qui vient d’embaucher son quatrième médecin.
Lorsque nous avons quitté la mairie, le Centre de Santé était sur le point d’atteindre l’équilibre financier et son coût par habitant était dérisoire. Dès sa prise de fonction, Monsieur Odo a précipité le départ des médecins salariés en affichant une orientation incompatible avec la réglementation des centres de santé et les missions de leurs personnels. Le maire actuel a tout fait pour retarder l’embauche de nouveaux médecins, affaiblissant le centre de santé en réduisant, du même coup, les recettes
Il y a donc eu une volonté manifeste de porter un coup fatal à cette structure municipale plébiscitée par les habitants de Grigny et des environs. De plus, les promesses faites par Monsieur Odo au collectif qui s’était créé en septembre 2014 n’ont pas été tenues.
17 mois après sa prise de fonction, la nouvelle équipe municipale qui a l’œil rivé sans cesse sur la calculette vient de franchir un nouveau pas dans la marchandisation des services publics locaux. Sauf que, pour ce dernier, il s’agit de la santé d’hommes et de femmes et pour certains de leur survie.
Monsieur Odo a mis en location les locaux du Centre de santé sur le site du Conseil départemental de L’ordre des médecins. Dont acte. L’avenir proche nous dira s’il y a des candidats. Mais il ne faut pas être expert dans ce domaine pour affirmer que, sauf à loger gratuitement les médecins et à offrir une secrétaire médicale – ce qui coûtera bien plus cher que le Centre municipal de santé – Il n’y aura pas de candidature. D’autant plus que dans son offre de location, le maire fait miroiter une patientèle déjà constituée. Il n’en a pas le droit. La patientèle du Centre de santé Christian Cervantes n’est pas cessible.
Si je vous interpelle, c’est que je crois que les conditions dans lesquelles s’opère la fermeture du centre de santé sont scandaleuses car elles portent atteinte à l’intégrité physique et morale de certains de nos compatriotes.
Si je vous interpelle, c’est parce que les mesures qui sont prises par la nouvelle municipalité relèvent à mon sens de l’amateurisme le plus abouti doublé d’un cynisme manifeste.
Si je vous interpelle, c’est que je ne reconnais plus ma ville, notre ville. Celle que de nombreux grignerots étaient fiers d’habiter. Celle que l’on citait comme une référence dans de nombreux domaines, et notamment celui de la santé. Cette ville qui ne laissait personne indifférent.
Si je vous interpelle, enfin, c’est que, comme bien d’autres, je ne peux me résoudre à voir disparaître des pans entiers de grandes réalisations qui nous avons bâties ensemble.
L’avenir de notre ville est entre vos mains. C’est vous qui devez réagir. C’est vous qui devez interpeller la municipalité. C’est vous qui devez vous rassembler. C’est vous qui devez agir.
Faites-le avant qu’il ne soit trop tard.
René BALME
Maire honoraire de Grigny
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