3Le ton monte entre le groupe des élus Front de Gauche et le nouveau maire de Grigny à propos du centre de santé. On se souvient de la réponse abracadabrantesque faite par Monsieur Odo lors du conseil municipal du 2 juillet 2014 publiée dans nos colonnes.  Réponse qui n’a pas convaincu le groupe d’opposition qui vient de nous transmettre le courrier adressé, ce jour à Monsieur Odo. Affaire que le Citoyen ne manquera pas de suivre de près et de relayer, d’autant que, selon nos sources, une pétition est en train de se préparer pour exiger le maintien de cette structure qui a fait largement ses preuves.

Le groupe Front de Gauche,

à

Xavier Odo,

Maire de Grigny

Objet : Avenir du Centre Municipal de Santé Christian Cervantes

Monsieur le Maire,

Nous nous adressons une nouvelle fois à vous sur la question de votre projet quant à l’avenir du Centre Municipal de Santé Christian Cervantes.

En effet, votre réponse à notre question diverse lors du dernier conseil municipal nous amène à réagir, et nous pensons qu’il y a urgence à trouver une issue à ce qu’il faut bien, ne vous en déplaise, appeler une crise.

Vous affirmez tout d’abord que cette structure est déficitaire, «que toutes ces structures étaient déficitaires, et (…) elles sont déficitaires de partout ». Vous vous trompez, et nous vous renvoyons à ce sujet à la lecture de l’excellent dossier réalisé par La Gazette des Communes (10 février 2014). Cette revue référence dans la gestion des collectivités locales, fait un point exhaustif sur le sujet et relève qu’à certaines conditions des structures comme la nôtre peuvent être viables. Encore faudrait-il faire le pari de son développement, tant du point de vue horaire que du nombre de médecins ou de spécialités et actes disponibles. Encore faudrait-il chercher toutes les subventions, et notamment auprès de l’Agence Régionale de Santé.

Nous réaffirmons clairement qu’à la condition de s’en donner les moyens et de croire au projet, le centre de santé peut vivre sans être comme vous voudriez le faire croire un gouffre financier pour la commune.

Vous évoquez un coût par habitant de 8 à 9 euros annuel. C’est vrai. Mais vous oubliez qu’il s’agit dans cette subvention d’équilibre de financer en grande partie les actions de prévention et de promotion de la santé en direction de l’ensemble des Grignerots, pour lesquelles vous n’avez à ce jour pas pourvu au remplacement de la chargée de mission, en poste jusqu’au 1er avril. En outre un coût 9 euros par habitant reste bien faible en comparaison d’autres services publics. A titre d’exemple, le service démarches administratives coûte 18 € par habitant, le service urbanisme 17 €.

Vous rajoutez : « nous avons en moyenne un tiers des gens qui ne viennent pas de la commune et pourtant ce sont les contribuables de Grigny qui doivent payer(…). Est-ce que c’est normal que le contribuable Grignerot paye pour les gens de Givors, de Montagny, de Millery, je ne crois pas ! »

Mais Monsieur le Maire, vous posez-vous la question lorsque les mêmes utilisent notre voirie, nos installations sportives, fréquentent nos services publics ? Vous posez-vous la même question lorsque notre service urbanisme instruit les dossiers de permis de construire gratuitement pour ceux qui construisent des logements et les revendent ensuite ?

Nous considérons pour notre part que la santé de nos concitoyens n’a pas de prix, que le service public se doit d’assurer à toutes et tous une égalité d’accès à la santé, sans conditions d’origine géographique ou sociale, sans condition de ressources.

Vous nous dites ensuite que contrairement à l’ancienne majorité vous avez consulté les médecins du secteur, qui vous auraient dit avoir été mis devant le fait accompli. Faux encore ! Sans vouloir polémiquer, nous nous bornerons à ce rappel chronologique :

Le groupe de travail participatif « professionnels de santé » a réuni pour la première fois jeudi 1er mars 2012 tous les professionnels libéraux Grignerots. L’objectif étant de créer une dynamique afin de s’engager dans un projet de Pôle de santé. Les rencontres se sont poursuivies jeudi 26 avril par la présentation du dispositif par un représentant de l’Agence Régionale de Santé (responsable adjoint du service régulation de l’offre ambulatoire) et samedi 2 juin par une présentation d’expérience de professionnels d’Ambérieu en Bugey regroupés en pôle de santé (médecin, infirmier, pharmacien et kiné).

Concernant le remplacement du Docteur Combes : nous le réaffirmons à ce jour et suite à sa lettre de démission, vous n’avez pris aucun contact avec elle et personne ne connait donc les raisons de son départ. Nous lui laisserons le soin, si elle le souhaite de s’exprimer à ce sujet.

Par contre, vous avez une fois de plus fourni une réponse erronée quant au recrutement en cours.

Vous dites « La semaine dernière nous avons lancé toutes les lettres de demande de recrutement auprès de tous les conseils de l’ordre, régionaux, départementaux et nationaux. La publication a eu lieu, si vous allez voir, où on demande un poste libéral et salarié ». Sauf preuve du contraire, ce vendredi 11 juillet, aucune annonce de ce type n’est publiée sur les sites des dits ordres.

Nous pouvons cependant affirmer qu’au moins deux médecins sont aujourd’hui disponibles immédiatement pour assurer le remplacement du Docteur Combes sur la base d’un statut salarié et prendre le relais au poste de médecin coordonnateur. La balle est donc dans votre camp, la décision vous incombe.

Nous pensons donc que l’heure est grave et nécessite des décisions urgentes.

Vous n’êtes pas sans savoir que le départ non remplacé du Docteur Combes aurait des conséquences lourdes et notamment financières (facturation des consultations, dotation de coordination de soins…)

En ne pourvoyant pas le poste au plus tôt vous laissez sans aucune solution les 2200 patients recensés, et plus grave encore 1600 d’entre eux ayant choisi le centre comme médecin référent et se retrouvant de fait dans l’impossibilité notamment de consulter librement des spécialistes, etc… Nous tenons à rappeler ici la situation particulière de tous ceux qui grâce au centre et à sa politique de tiers-payant complet, d’acceptation sans avance de la CMU, avaient retrouvé le chemin des soins.

Monsieur le Maire, une nouvelle fois, nous vous demandons :

  • De lancer en urgence la procédure de recrutement au poste de médecin coordonnateur, et ce dans les conditions actuelles du poste.

  • De relancer sans attendre le groupe de travail sur cette question associant les patients, les professionnels, les élus, les partenaires concernés, les habitants intéressés, afin de poursuivre ce projet qui fait la fierté de notre ville, plaçant avant toute autre préoccupation l’humain et son développement sur notre ville.

Nous réitérons notre demande que soient consignés au procès-verbal du conseil du 2 juillet, l’intégralité de nos échanges (question posée et réponse apportée). Afin que tous les grignerots, que les patients, légitimement inquiets sur le devenir de la structure puissent avoir accès à l’information la plus complète, nous avons pris la décision de rendre publique la présente lettre.

Dans l’attente de réponses urgentes de votre part, .et d’un engagement fort au service du projet municipal de santé, et ce dans l’intérêt des habitants de notre commune, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, nous sincères salutations.

P/ le groupe Front de Gauche